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À supposer une maliette
« À supposer que l’on me demande ici de l’étudier, saurais-je décrire la maliette sans disposer d’un gros livre sur papier couché illustré d’eaux-fortes en couleurs dues au burin fertile de nos meilleurs animaliers, mais qu’il me faille approfondir ses mœurs en me dispensant de la saisir, cette maliette à couleur de suie et poitrail rouge, à l’œil de lune et aux cris légers de petite souris, elle qui meurt dès qu’on pose sur ses plumes impalpables le doigt le plus léger, qui meurt pour la moindre cause, lorsqu’on la regarde trop longtemps, lorsqu’on rit en la regardant, lorsqu’on lui tourne le dos, lorsqu’on enlève son chapeau, lorsque la nuit se fait entendre, lorsque le soir tombe trop tôt, maliette subtile et tendre dont le cœur occupe à l’intérieur toute la place où les autres bêtes logent des organes banals ? » pensa Jacquemort.