Accueil L’oulipienne de l’année Crochet à goutte d’eau
Un souvenir de vacances

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C’est Robert qui m’a amené là, moi je voulais aller au Lac du Der voir passer les oiseaux migrateurs.
 
Robert m’a dit « Tu verras le granit est compact, superbe, lisse. » Ça m’a paru excessif, du granit superbe, soit, mais lisse... Le granite est une roche grenue, donc il a des grains, il ne peut pas être lisse. Sinon au cimetière, là les dalles sont polies.
Donc nous nous sommes retrouvés au pied du mur ; mille mètres de dénivelé et pas la moindre aspérité pour accrocher le matériel d’assurance. Sans parler d’une fente, une fissure, ou un becquet pour y mettre le doigt.
 
Robert m’a dit « Ne t’en fais pas, pour les cas extrêmes, j’ai un truc. » Robert, ce n’est pas le genre à laisser tomber dans les situations délicates.
 
Il a sorti l’accessoire de son sac, un crochet à goutte d’eau, ça s’appelle - c’est juste un genre de petit hameçon léger, mais pointu, pointu, ce serait dangereux de le mettre dans sa poche ; et il l’a posé sur une écaille.
« Tu vois, je lui ai dit, je le savais bien que le granite, ce n’est pas vraiment lisse, il y a forcément un petit grain qui saille ».
Bref, voilà le crochet posé.
Et Robert sort de son sac une échelle de corde. On peut dire qu’il a de la ressource, Robert, c’est l’homme de toutes les circonstances.
Avec les trois marches de cette échelle, on n’était pas encore au bout de nos peines. Il a fallu monter sur l’échelle, poser un pied, puis l’autre, puis le premier, plus haut. C’était plus de la grimpe ; si je pouvais trouver le mot je dirais que c’était de la pédidigitation. Ou de la magie.
 
Je n’osais plus respirer, je n’osais même plus parler, je fermais les yeux.
Enfin, on en est sortis puisque je suis là à vous le raconter. Mais il ne m’aura plus Robert, la prochaine fois, je lui demanderai s’il a des photos ou une vidéo avant de me lancer avec lui.