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Philosophique – d’après Exercices de style.

Lorsqu’il s’agit de décider du capitanat, la question du libre-arbitre et de son existence se pose inévitablement, sous-jacente lorsqu’on doit examiner différentes options, opérer un choix. Si choisir c’est renoncer, citation malheureusement galvaudée, cela peut-être aussi préférer, il reste à poser si ce choix est déterminé ou libre. Ce point recoupe notamment des problématiques en rapport avec le processus de désignation -notamment démocratique- et peut nous amener à explorer les questions de hiérarchie, d’exercice de l’autorité, de rapport de domination et de soumission, selon un angle sociologique qui n’exclura pas à priori que le subalterne est sur un plan éthique et éthologique absolument indifférent (étanche ?) aux enjeux de sa condition.

S’agissant des conflits armés, on ne saurait trop conseiller aux belligérants, quel que soit leur nombre – en l’occurrence, ici, mille - d’observer et de prendre en compte selon le double concept de lucidité et de maîtrise que le stratège Sun-Zi dans son traité l’Art de Guerre 孫子兵法 aurait immanquablement questionné leurs choix. Malgré une prise en compte de haut niveau des considérations stratégiques, et quelques tirs d’engins plus tard, l’assaillant n’aurait-il pas pour autant sous-évalué le paradigme économique, moral et politique, sorte d’évaluation ou d’appréciation imparfaite de la situation et de ces paramètres ? On appréciera l’acuité de la question, essentielle et même fondamentale, quand on aura à l’esprit que le stratège Sun Zi conceptualise l’approche du chef de n’engager le combat qu’en étant sûr d’emporter la victoire.

Pour compléter le propos à l’usage de l’ennemi, en posture d’assaillant, on ne saurait trop recommander cette fois-ci une lecture analytique de l’étude de Clausewitz dans l’Art de la Guerre dans laquelle il développe les avantages relatifs de la défense sur l’attaque, ce qui – au nom d’une approche consciente- donnerait matière à une réflexion stratégique plus fine assortie de quelques considérations sur les conséquences politiques. En effet, dans l’inconscient collectif, l’agressé, s’il est présenté -ou présumé- inférieur que ce soit en qualité (condition) ou en nombre, et qu’il finit par vaincre, c’est-à-dire in fine se défendre, fera acte de sublimation et en sera glorifié, il franchira ainsi en héros les portes de la mémoire collective au nom de la résistance et du courage, empreints d’un syndrome davido-goliathien. Dans sa grande magnanimité, comme on peut le présumer, la population refoulera certaines questions clés sur la fin et les moyens, et occultera – au mieux- le débat inconscience versus héroïsme. On ne développera pas, et n’y voyez pas un quelconque tour de passe-passe allégoriquement référé à l’on ne sait quel superpouvoir, la question du monstre, l’attraction/répulsion est symbolisée par le plaisir -malsain-et la curiosité -irrépressible- pour ces miroirs déformants de la monstruosité et la crainte du difforme. La fête, la liesse, les vivats qui s’ensuivent, grande frénésie libératrice, constituent alors un contrepoint, un exutoire, une véritable catharsis.

Dans tous les cas, le rapport au temps reste relatif et interfère sur les notions d’exactitude et la volonté de ponctualité. Profondément ancré dans les affects, réputé quasi-primitif, sous-estimé sans doute, le goût -et nous ne parlons pas de nutrition - atteste d’un rapport au monde sensible, peut-être même jouissif, et que ce soit fraise ou vanille, la métaphysique du chocoprince reste à investiguer en toute rationalité.