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Oscar de ramassage

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On dirait que je suis la reine et Nina ma servante. La reine Oscar porte une paire de jeans taille 10 ans, délavés et fort usés, sans marque apparente. Sa chemise de couleur bleue roi a un accroc sur le côté gauche et trois boutons manquent, tenue classique pour cette classe d’âge, ainsi que pour la suivante, pour toutes les autres vu qu’elle est devenue l’uniforme, moins prisée aux pôles peut-être, quoique, y faire un tabac sous peu reste envisageable. Ses manches relevées découvrent des coudes pointus. Un tatouage orne son avant bras droit, une licorne blanche, mais à y réfléchir, sous condition d’une bonne application de la loi, ce doit être une décalcomanie en voie de disparition. La servante, déclarée Simone à la mairie mais surnommée Nina par sa grand-mère, a enfilé sous sa salopette toile denim, un tee-shirt de coton manches courtes, vert fluo pailleté. Elle a gardé ses cheveux duveteux de bébé et en adopte la lippe boudeuse. La place serait cernée, brode la reine et on balancerait le contenu des cartables avec nos élastiques. Nina se prendrait des coups sans couiner et on démonterait le siège avec nos crayons. Ah ! Et aussi surgirait le monstre du loch Ness mais je me coulirais derrière Misha et rien qu’avec mon regard d’acier trempé, je le liquiderais et on nous ferait la fête. Choix judicieux pour le repli. Misha, un russe de 3 ans leur aîné, aux yeux vert de gris légèrement bridés, bâti comme une muraille et arrivé depuis peu, adopte une position prudente d’observation et de neutralité.. Terminus, tout le monde dehors et vous aussi puisqu’on arrive à la fin de l’histoire Dans la cohue, un biscuit à l’odeur de vanille hautement industrialisée tombe de la poche effilochée du sac à dos de Nina. Laisse, ça pue et ramène ta fraise jette Oscar.

À la manière de Jean Echenoz.