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Mœurs de la Mouquette
Mœurs de la Mouquette, pensa Bonnemort. Qui les étudiera ? Qui saura les décrire ? Oh ! Il faudrait la coucher, fertile et forte, dans un grand lit, la dessiner, animale, à la mine de plomb. Mouquette, Mouquette, que n’approfondit-on pas vos mœurs ! Mais las, qui jamais une fois s’en éprit, Mouquette couleur de suie, dépoitraillée, montrant l’œillet rouge de votre lune, vociférant mille gros mots au lieu des cris légers d’une petite souris. Mouquette qui mouillez dès qu’on vous pose sur un plumard et que l’on vous palpe du doigt le plus léger, qui mouillez pour la moindre cause, lorsqu’on vous regarde trop longtemps, lorsqu’on rit en vous regardant, lorsqu’on vous retourne sur le dos, lorsqu’on vous enlève vos oripeaux, lorsque la nuit se fait entendre, lorsque le soir tombe trop tôt. Mouquette, qui mourez, sensible et tendre dont le cœur occupe, à l’intérieur, toute la place, suffisamment gros pour que d’autres, bêtes soldats, y logent, sanglante orgie, leurs balles.
Bohumil Zovian, Eul’ Voreux-d’cœur malingre —
Hybridation de l’Arrache-cœur, Boris Vian, et Germinal, Émile Zola.