Accueil L’oulipien de l’année Mâchicoulis et Chocoprinces
Le mâchicoulis de la centrale

Page précédente Page suivante

« Ceux des mille, les gonzes en face. Moi, j’étais mettons, pitaine et l’ami Simon, sous-juteux. Tu mords la situasse ? Tout autour, y s’étaient mis, les autres. Sim et moi on a défouraillé direct. Et là, putain, v’là que Sim se prend une bastos ! Ca m’a séché. Heureusement, c’était d’la grenaille. Pas grave. Quand j’l’ai vu se relever, parole, j’en aurais chialé.
Alors on a sorti les navaja, et banzaï ! Mais attends un peu ! On avait pas vu un putain de clébard genre cyborg qui se plante en face de nous, tu mates l’embrouille ? Alors là, mézigue, ni une ni deux j’ai plongé derrière c’t’espèce de mur avec des trous, en haut...
— Un mâchicoulis, tu veux dire ?
— Quoi ??
— Le mur percé : c’était un mâchicoulis.
— Mais qu’est-ce tu dis ? Un mâchi...machin, c’que j’en ai à foutre ? J’te dis que j’ai plongé derrière, c’est tout.
— Oui mais ce mur dont tu parles... C’est ce qui couronne le sommet du château, c’est un mâchicoulis que ça s’appelle.
— Ho frére, t’es teubé ou quoi ? C’est pas l’nom qui compte. On s’en fout le nom. Ça s’appelle mâchitruc ou baissetonslip. Qu’est-ce t’as, à me couper sans arrêt ? J’peux finir ?
— Oui oui.
— Bon, tu m’coupes plus ou j’te mets une droite, sans charre. Bref, le cyberclébard j’l’ai neutralisé avec une bombe au poivre. T’y crois ? En plus j’pensais qu’elle était périmée, des années qu’elle traînait dans mon coffre. Eh ben, le clebs il a pleuré sa mère !
Et t’sais quoi ? Les gens du quartier y nous r’merciaient !! Comme j’te dis : bravo et merci qu’y criaient, ça m’a fait chaud au palpitant. C’est pas tous les jours, hein. Surtout que l’sauvetage en mer des châteaux-forts c’est pas trop mon truc, moi c’est plutôt, j’sais pas... parle-moi d’monter sur un bon braquo, tiens.
Et attends, c’est pas tout ! Y a des daronnes qui nous ont invités à goûter, à Simon et à moi !!
Ouais. Goûter, j’te jure. Depuis que j’suis minot j’avais plus entendu c’mot-là : goûter ! Bon, on a pas voulu faire genre les affranchis, on y est allés, quoi. Ca m’faisait penser aux Chocoprinces, t’rappelles ? Eh ben, les chocoprinces, y en avait ! Et l’pire, y z’étaient à la vanille !! Putain, j’peux pas blairer la vanille, j’étais blasé. T’rappelles, ceux à la fraise je les boulottais tous... Et j’te laissais les vanille, ha ha !
— Oui, tu ne m’as jamais laissé goûter à ceux à la fraise. Pourtant, j’aurais bien aimé en manger, moi, des chocoprinces à la fraise...
— Oh là là, l’autre ! Y tape sa crise pour des chocoprinces ! j’hallucine les mecs. La prochaine fois, j’te raconterai rien... Chochotte, va, avec tes mâchichoco !! T’sais quoi ? Des chocoprinces à la fraise, j’vais t’en cantiner une paire de paquets, et tu pourras tous te les bâfrer, tiens. Ch’suis un vrai seigneur sur c’coup-là. Et pourtant, hein, coloquer
avec toi en Centrale c’est pas des vacances, j’devrais demander mon changement de cellotte. Non mais, qu’est-ce t’es con !
— Et Simon ?
— Simon ? Y préférait les vanille.
— Je veux dire : qu’est-ce qu’il est devenu, Simon ?
— Ah... t’es pas au courant ? T’as r’vu personne du quartier ? Eh ben, Simon y s’en est mangé une autre, de bastos, mais pour de bon. C’est quand on a fait l’affaire des Rolex, on s’est fait kèn’ par ceux d’la barre des mille et Sim il a voulu jouer le méchant. J’ai rien pu faire... Ouais, il aimait que ceux à la vanille, Sim... C’est à cause on a toujours fait une bonne équipe tous les deux.
Bon allez, à plus, c’est l’jour de mon baveux, on va causer d’mon affaire. J’te vois au sport ?
— Non, pas aujourd’hui. J’ai mes partiels vendredi, faut que je bosse mon cours de médiévale.
— Ha, l’aut’pellot !! Mâchichoco, va... »