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La vie en peinture
J’ai longtemps habité sous de vastes portiques 
Que les seuls miradors teignaient de mille feux, 
Et que leurs grands piliers, écorchés et hideux, 
Rendaient pareils, le soir, à des corps squelettiques.
Les foules, en croulant sous la rage des Schleus, 
Mêlaient d’une façon grotesque et pathétique 
Les tout-puissants accords des bourreaux en musique 
Aux couleurs des tableaux reflétés par mes yeux.
C’est là que j’ai vécu dans les cruautés calmes, 
Au milieu du Radium, du vague, des vapeurs 
Et des esclaves nus, empreints de puanteurs,
Qui couronnaient le front du peintre avec des palmes, 
Dans l’unique souci pour moi d’approfondir 
Les essais douloureux qui me faisaient tenir.
Charles Le Lionnais. Les Pleurs du Mal

