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La Légende des Maliettes
Jacquemort, bon docteur d’ornitho-dysphorie,
soigne en Cocagne un piaf au cœur triste, il s’écrie :
« Rond chapeau ! Rond chapeau ! Que ne le garde-t-on
sur nos cheveux trop blancs : la mort est sans pardon
pour la Douce des Airs, la maliette ailée.
Elle a peur de nos fronts et s’enfuit accablée. »
Alors le toubib grave avec pointe et burin
le corps blessé qui clamse au maudit galurin,
au vil coucher qui tombe, aux bruits de nuit vilaine.
L’oiseau n’a de repos qu’occis, ô cantilène !
Le psychiatre en vient à l’éros enfoui
qu’un doigt clinicien pointe, au risque inouï
que meure, comme on meurt par abus de souffrance,
la maliette : enjeu des experts de la transe,
défi d’animaliers qui n’ont pas quatre bras
et manquent, car trop lents, le poitrail rouge et ras,
le cou, les cris légers, l’effroi sur le plumage,
l’impalpable frisson dont s’écoute une image...
enfin ce cœur bombé qui se tienne en dedans
sans organes banals autres d’êtres vivants.
Réécriture du paragraphe de Vian en assonance des 2 premières strophes de l’Aymerillot de Hugo.