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Je dédaigne la maison de thé

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Je dédaigne la maison de thé elle est ombreuse / sombre
à l’opposé d’un beau temps clair parisien. Mais sa radieuse obscurité
nous décille les orbites, nous jointoie les os, et ici tous sautillent
les uns s’écartant des autres, hors des orbites de leurs os.
En attendant que la nuit se pointe, nos maxillaires humides sirotent
la cacophonie de nos plats. L’espoir suinte de tes cavités hideuses
contrairement au continent d’impossibilités étendu derrière nous
L’un est arrivé en traînant une ardoise, l’autre un écriteau d’infamie.
La barmaid les ignore. Elle nous dit : "Sinon vous, ce sera tout ?"
Ce sera, pour longtemps, manger démesurément
le jaune de tes orbites, leur vide, ton occiput,
sur ce continent d’idées impossibles où je me noie

Jean-Marc PEEREN (intégralité du poème Loin d’Osaka, 2016)