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Mirage à Dora

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En partant de là et en allant trois jours vers le levant, l’homme se trouve à Dora, un camp avec soixante baraques, des statues en bronze de tous les dieux nazis, des allées pavées de boue, une nuit de cristal, un appel qui claque chaque matin sur un mirador. Tous ces mirages, le prisonnier les connaît déjà pour les avoir vus aussi dans d’autres camps. Mais le propre de celui-ci est que si l’on y arrive un soir de septembre, quand les jours raccourcissent et que les lampes s’allument toutes ensemble aux portes et entrées du camp, et qu’une voix de femme crie : hou !, on en vient à envier ceux qui à l’heure présente pensent qu’ils ont déjà vécu une soirée pareille et qu’ils ont été cette fois-là heureux d’être encore en vie.

Italo l’Italien, Les camps invisibles.