Accueil L’oulipien de l’année La nuit
Dithyrambes pour Gambrinos

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Ici, autel de palettes dont l’escarpement s’entasse,
Ici Zara-Testut sous le ciel noir
a allumé le feu pour ne plus voir la nuit,
Point d’interrogation pour qui connaît la réponse.

Cette flamme aux volutes blêmes
Vers les lointains glacés hypnotise et darde son désir,
Vers les hauteurs cloutés de cuivre tord sa gorge,
Serpent tout tendu d’impatience,
Ce signe, je l’ai posé devant moi.

Mon âme même est cette flamme,
Insatiable de nouveaux horizons,
Et plus haut, plus haut flambe son silencieux brasier.
Qu’avait Zara-Testut à quitter soudain toute terre ferme ?

Il connaît déjà six solitudes,
Mais la mer même n’était point pour lui assez solitaire,
rue de l’Horlogerie il fut flamme.
Vers une septième solitude, à des années-lumière,
Il lance l’hameçon chercheur par-dessus sa tête.

Vacanciers égarés ! Ruines de vieilles étoiles,
Et vous, mers de l’avenir ! Cieux inexplorés et glacés !
Vers tout solitaire je lance maintenant l’hameçon :
Donnez réponse à l’impatience de la flamme,
Péchez pour moi, pécheur des hautes montagnes,
Ma septième et dernière infinitude.

Jacques Friedrich Jouetzsche, Dithyrambes pour Gambrinos.