Accueil L’oulipien de l’année Diomira, une ville invisible
Diomirage

Page précédente Page suivante

Je me souviens de Diomirage.

Je me souviens d’avoir voyagé longtemps, plus de trois ans, dans le noir velouté, pour l’atteindre.

Je me souviens d’y avoir vu, émergeant des sables rouges, des coupoles cuivrées, des campaniles penchés, des temples ruinés à la gloire de toutes sortes de dieux.

Je me souviens que cela faisait très « musée des merveilles ».

Je me souviens d’ avoir croisé l’astéroïde Dicolobouvino, une sorte de Diogène barricoïdal, qui faisait un curieux usage du monde.

Je me souviens que je prenais un siège pour contempler, en bordure de galaxie, couchers de soleil ou passages de lunes.

Je me souviens d’avoir rêvé de Diorissima, étrange créature, mi -belle dame attachante, mi-poisson luisant, ressemblant à un mannequin de Topkapi ; elle se peignait et se remaquillait à la lueur versicolore des étoiles, en chantant une bouleversante mélopée.

Je me souviens que j’écrivis sur xiaomira et muranomira de ma prison gênoise, où longtemps je me couchai de bonne heure.

Je me souviens que les soirs à Diomirage étaient les plus beaux du monde, et cependant...

Je me souviens, comment ne pas le faire, des cieux cuivrés du Dorsoduro au soir, quand les Zattere flamboient et les barques se balancent, et qu’apparait au loin, parfois, le rayon vert.
.
Je me souviens que ogni volta que descrivo una citta, dico qualcosa di Venezia.

Marco il Milione, deviseur du monde, exploreur de mondes.