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Cauchemar à goutte d’eau

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Le cauchemar est compact. Noueux. Terrifiant.
Parfois, pas la moindre fissure pour espérer.
Pas le moindre trou d’invraisemblance pour lui dessiner un sourire.
Pas le moindre ronflement pour l’échancrer.
Il bombe le torse.
Et la voie s’appelle The Dream, le rêve.
 
Lorsque les aspérités étouffent et que toute tentative pour se raisonner et sortir du cauchemar est impossible,
Il reste un moyen. Unique. Ultime.
La réserve des grands cas.
 
Vous prenez un rêve à quatre sous.
C’est un simple rêve de midinette, rose et doux.
Un hameçon à cauchemar.
Vous le posez sur l’horreur qui saille
Un tout petit peu.
Voilà, il est posé.
À l’extrémité inférieure du monstre qui vous menace, vous suspendez une petite échelle d’espoir de trois fois rien.
Vous respirez.
Vous posez le pied sur la marche inférieure.
Et vous chargez lentement tout le poids de votre corps sur cette mince margelle d’espérance.
Très lentement. Tout geste brusque peut faire déloger le gentil rêve de sa maigre encoche dans le gros cauchemar.
Progressivement, votre poids se déplace à l’aplomb du rêve rose.
Au fur et à mesure, le rêve distille sa fraîcheur dans la peur et s’en trouve consolidé.
Encore plus lentement, vous vous élevez.
Évitez à tout prix de regarder sur quoi vous reposez entièrement.
Le réveil sonne.