Accueil L’oulipien de l’année Oublier Clémence
99 notes sur Oublier Clémence

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1. Clémence est le prénom de l’héroïne d’un récit de Michèle Audin « Oublier Clémence »
2. Ce récit n’est pas un roman
3. On ne va apparemment pas lire du Zola
4. Ce ne sera pas davantage du Ken Loach, puisque ce n’est pas un film
5. Donc l’héroïne du récit n’est pas une héroïne de roman
6. Ce n’est pas une héroïne du tout
7. Quoique
8. Cela peut être un point à discuter, à débattre, après lecture et peut-être même avant, car on sait des choses, on a de la culture, on sait un peu d’histoire
9. C’est une jeune femme
10. Clémence est un prénom très doux
11. Aucune agressivité, passée la syllabe initiale
12. On pourrait dire « comme son prénom l’indique »
13. Donc elle est ouvrière
14. Nous sommes invités à imaginer son travail
15. L’imaginer plutôt que le faire
16. L’imaginer à la tâche
17. L’imaginer, s’en faire une image
18. Ou même plusieurs images relatives aux tâches successives
19. Imaginer un travail pour se mettre à sa place, mais pas forcément
20. Imaginer un travail, c’est presque paradoxal
21. Là, ça ne vend pas du rêve
22. Il faut dire que ce n’est pas le but
23. On va même être édifiés
24. On saura tout par le menu
25. Sauf qu’il n’y a pas le choix
26. Et qu’il faut sûrement manger à toute allure
27. La liste d’opérations semble une marche à suivre
28. Une notice
29. Histoire de ne rien oublier
30. Elle ou nous ?
31. Ne pas perdre le fil en quelque sorte
32. Doit-on pour autant penser à la taylorisation ?
33. Gardons au moins en tête l’idée de la répétition
34. Eprouvante, fastidieuse
35. Les termes employés sont précis quant à l’univers de la fabrication de la soie
36. On peut raisonnablement penser qu’on apprend certaines choses
37. Ou qu’on se les remet en mémoire
38. L’expression « Les cocons de bombyx » sonne bien
39. Le mûrier n’est pas évoqué
40. Un oubli ou un choix
41. Car on ne peut tout mettre sans alourdir, pure hypothèse
42. Le bombyx n’a rien à voir avec la bombe H
43. Il ne préfigure sans doute pas une explosion sociale à retardement
44. La transformation des cocons semble aller de soi
45. Enfin presque
46. Peut-on perdre le fil de soi en filant la soie ?
47. Le « prêt à tisser » marque l’objectif à atteindre
48. Un contremaître tatillon et brutal doit le rappeler ad nauseam
49. Comme un cocher DRH fouettant les chevaux
50. Le « prêt à tisser » a un côté « prêt à l’emploi »
51. Comme le « prêt à cuisiner »
52. Bonne à toute faire, encore et toujours
53. Asphyxier les vers n’est pas très ragoûtant
54. Une petite touche macabre
55. De quoi décontenancer les poètes
56. Sécher pendant trois mois peut aussi les décourager (les poètes, parce que les ouvrières, c’est déjà fait)
57. En fait ça rapporte surtout que c’est long
58. On est loin du zapping et de l’immédiateté
59. On est en usine mais ça reste manuel et artisanal
60. Ne pas s’en réjouir pour autant à l’aune du « fait main » ou du « fait maison » en vogue de nos jours
61. Un autre rapport au temps pourtant
62. A la lecture de « Les retourner régulièrement » même si on y pense fortement on ne confondra pas avec des crêpes
63. Et qu’accélérer l’évaporation de l’eau est le but du jeu, rien à voir avec les galettes
64. Et puis ce n’est pas la région
65. Tirer les fils peut se lire sur un mode paranoïaque, qui sont les marionnettes, les pantins du capitalisme naissant ?
66. D’autres tâches décrites nous renseignent sur un dur labeur, les bassines d’eau très chaude où plonger les mains, les filaments à tirer
67. Que la lumière soit, qu’elle éclaire sur l’état de mains sans aucun doute très abimées
68. Des conditions spartiates, une paie minuscule en centimes, des heures et des heures,
69. Presser plusieurs filaments pour un fil ne renvoie pas d’image précise, faut-il tresser ?
70. Bobiner les fils évoque embobiner, ah, ce que l’on peut être suspicieux !
71. Faire des écheveaux évoque des cavalcades sur le fil, sans doute exécutées à vive allure, car il ne faut pas traîner, jamais
72. Pourvu qu’il ne se présente pas d’obstacle imprévu, par exemple si un fil venait à casser ?
73. Voilà une lecture qui donne envie de se documenter
74. Préparer les fils montre bien l’importance de cette chaîne depuis le début
75. Livrer le matériau idoine qui va ensuite être tissé
76. Les métiers à tisser sont bien des outils, des machines
77. Pas des emplois, mais c’est bien du travail
78. On suppose qu’il faut recommencer et répéter bien plus de cent fois
79. Encore une légende ou un cliché, mais y a-t-il des photographies de l’époque ?
80. Que ce soit « métier » ou « travail », on imagine dorénavant fort bien que ce soit dur, pénible
81. On s’en doutait quand même depuis le début
82. De même qu’il nous sera difficile d’oublier Clémence
83. C’est même dit : « extrêmement », ce n’est plus la peine d’imaginer
84. Au départ dans les campagnes, peut-on « imaginer » que c’était un peu moins pénible ? Pas sûr
85. Le passage à l’usine a certainement tout changé
86. Sous couvert de progrès et de modernité
87. Air connu
88. Les usines lyonnaises, la « Révolution industrielle »
89. On pense aux Canuts, leurs révoltes
90. La puanteur des chrysalides, c’est comme un joli mot qui ne sent pas bon, signe que c’est vraiment une décomposition !
91. Pas exactement ce qui se passe il est vrai avec la bourre de soie dans l’air
92. Fallait-il respirer une fois sur deux ? un côté amiante quand même, non ?
93. Les fenêtres restaient-elles fermées absolument tout le temps ?
94. De quoi imaginer un peu plus fort la décomposition, la puanteur et la sueur…
95. Tout cela pour la coûteuse soie.
96. Mais bon, avant tout, un métier de femme. Et les droits qui vont avec non ?
97. Une activité surtout épanouissante bien sûr, un peu comme les tâches ménagères, l’usure physique, frotte et tais-toi, un rôle, une place assignés subalternes.
98. Toujours et encore, aujourd’hui
99. N’oublier aucune Clémence.