Accueil L’oulipien de l’année Les crobards muets de Lécroart
Terines à partir de trois dessins

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J’ai longtemps haï tout ce qui, de près ou de loin, touchait à la Révolution
cependant, pierre après pierre, j’en ai défoncé des carrières
pourtant comme Stéphane, je n’ai jamais au poste de chef dynamiteur voulu postuler

Michel, lui de diplômes bardés, en rêvait d’une si belle carrière
et à toutes sortes d’emplois, avec compétences et cv, poursuivait de postuler
mais le malheureux fut stoppé net en 17 par la Révolution

Marx et d’autres, sur le travail avaient bien des théories postulé
mais génuflexions, aliénations et autres Révolutions
n’ont jamais autant que le piston démonté ou assuré arrières et plans de carrière

par ARP


Au pied de l’immense pyramide
Un très jeune conférencier
Déchiffrait son nouveau contrat

C’est quand même un comble : ce contrat
gâche la visite de la pyramide,
se lamente le conférencier

Il n’en peut plus, le conférencier
De ne pas comprendre ce contrat
Lu au pied de la pyramide.

*

Ce matin mon vieux voisin
M’a écrit une longue lettre
Pour se plaindre de la pluie

Le seul jour d’automne sans pluie !
Et pourquoi l’adresser à son voisin
Cette plainte, cette lettre ?

Il me fallait donc lire la lettre
Avant que ne tombe la pluie
Dans le jardin de mon voisin.

*

Un roubaisien au gros nez
Voulait acheter une table
Rue de la falaise

Mais où est donc cette falaise
Dit-il ? en levant le nez
Il se cogne contre une table

Euréka voici déjà la table
Me reste à trouver la falaise
Avant de me gratter le nez.

par Geneviève C.


Devant les astres purs et leurs stables orbites
le poète est parfois accablé d’impuissance
il y a des phénomènes que nul n’explique

après une nuit de labeur où tout s’explique
le café expulsant les yeux de leurs orbites
il est vaincu le sortilège d’impuissance

on retrouvera les affres de l’impuissance
cycle perpétuel (il faudra qu’on m’explique)
alternant les trous noirs et la mise en orbite

par Martin G.


Abattu aujourd’hui encore par l’image de ce miroir
Déformant que lui tendaient les autres, une image sans joie,
Sans âme. Sa vie, aucun n’eût voulu la peindre ni l’écrire

Désespéré il hésitait : valait-il mieux mourir ou bien écrire ?
Pour créer se servir de sa tête ou alors la fracasser contre le miroir ?
S’il ne se décidait pas, rien ne le mettrait plus jamais en joie

Soudain ce fut une explosion de joie
Le crayon frémissait, il lui était facile d’écrire
Le soir, il s’observa, fier, face au miroir

par Natacha B.