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Pas de nougat pour Clémence

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Pas du nougat pour Clémence

Ah, tu verras, tu verras
Tu y commenceras, tu verras, tu verras
L’ usine c´est fait pour toi, tu verras, tu verras
Le nez dans les cocons t’apprendras ta leçon
Sur le bout de tes doigts, tu verras, tu verras
Tu l´auras, ta prison, tendue de fils soyeux,
Des fils entrecroisés, la poussière plein les yeux
Dans la chaleur des fours, tu brûleras tes bras
Et tu t´endormiras, tu verras, tu verras
Le devoir accompli, couchée sur ton cal’tas
Avec dans le grenier et tes sœurs sous le toit,
Tous les cauch’mars du monde

Ah, tu verras, tu verras
Tu recommenceras, tu verras, tu verras
Ta vie, c´est fait pour ça, tu verras, tu verras
Tu verras ton cerveau embrumé de sommeil,
Piégée dans le clapier, dans la fange, sans soleil
Et tu te réveill’ras, tu verras, tu verras
Ployée comme la veille, ah, le joli forçat !
Et t´iras sacrifier ton bonheur pour des rois
Tu crèv´ras au réveil, tu verras, tu verras
Tu crèv´ras au charnier, tu verras, tu verras
En éventant autour à la sueur de tes bras
Jusqu´à la fin du monde...

À la manière de Claude Nougaro.