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Ouvrir la porte

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Ouvrir la porte. Faire quelques pas dans la rue du Général Anne de la Bourdonnaye. Rebrousser chemin, vérifier 1) que la porte est bien fermée et 2) que la clé n’est pas dans la serrure. Jeter un œil aux massifs végétaux qui forment des chicanes censées dissuader les amateurs de vitesse motorisée. Passer sous les plantes qui dégueulent du mur de Juliette et Denis puis tourner à gauche rue Surcouf, regarder ce que Maëlle a posé sur son appui de fenêtre, lire quelques lignes du poème féministe écrit au Posca sur la vitre de la maison voisine, passer entre le White Wood Food et l’Aziza, traverser la place Saint-Charles, tenter de se souvenir d’à quoi elle ressemblait avant qu’on y coule cette dalle de béton dégueulasse, tourner à droite à la hauteur de l’épicerie, admirer le loup brodé de Nadège, arriver au Tok’Ici.

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Ouvrir la porte. S’apercevoir qu’il n’y a plus de rue. En d’autres termes que nous nous trouvons dans la maison d’en face, qui n’est pas une maison mais une crèche. S’excuser auprès des puéricultrices et, tout en enjambant les enfants, tenter de se repérer au pif, ce qui n’est pas évident étant donné la structure octogonale du bâtiment. De cave en cave, de toit en toit, tenter de rallier le Tok’Ici en rampant sur les tuiles, en toute confiance, sans peur de s’écraser au sol, puisqu’il n’y a plus de rues. Dans la mesure où les rues sot des saignées qui séparent les pâtés de maison, se demander qui a cautérisé ces plaies et pourquoi.