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Nuit des musées : musée Sandelin à Saint Omer

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À travers les cabinets et la salle à manger

Je vois les œuvres et pas les murs, d’autres sont plus attentifs
Je sais que les cabinets de curiosités n’épuiseront jamais la mienne
Je remarque, trônant, Ian Steen, maître de la mauvaise vie associée ici aux jeux de mots
Je souligne que la pierre de folie fascine toujours
J’ignore ce qu’il en sera dans quelques siècles des œuvres délicates de Buckman
Je pense au temps nécessaire pour tout voir
Je suis sûre de sortir de cet atelier le cœur gros de beaux écrits
Je me demande si les fraies hollandaises ont vu des frites
Je parie que le perroquet en sait plus qu’il n’en dit
Je refuse de remplir ce vers
Je vois les œuvres et pas les murs, d’autres sont plus attentifs

Coraline

Je vois des mains, sympas, belles, moches, méchantes, professionnelles, ignorantes de leurs responsabilités et toujours pleines de significations
Je sais maintenant que les cabinets ont des fonctions différentes de ceux qu’on utilise pour certains besoins…
Je remarque que l’amour est une recherche permanente dans les relations des hommes et des femmes, amours pastourelles plutôt que libertinage, il y a de quoi s’ébaudir en Flandres !
Je souligne que tout est très beau
J’ignore que les meuble sont des secrets jalousement gardés
Je pense que Samuel Buckman est très inspiré dans la pièce verte LXV, normal pour un Samuel
Je suis sûr que si on laissait parler les personnes des tableaux, on serait très surpris
Je me demande s’ils sont si bienveillants que ça vis-à-vis de nous
Je parie que certains doivent être odieux ou méchants
Je refuse donc de les entendre, qu’ils restent muets dans leurs tableaux
Je vois que les mots soignent les maux et qu’Épicure est une clé du plaisir

Laurent

Je vois les faces curieuses et torturées dans l’excision de la pierre de folie
Je sais la folie des hommes toujours manifeste dans l’éradication de la folie
Je remarque le détour de la folie pour la scène pastorale et coquine
Je souligne le noir doux noyant la furie des portraits
J’ignore dans quel tiroir je trouverai la poudre de pimprenelle
Je pense que Samuel Buckman a raison de clouer le bec de ces corbeaux portraiturés avec son cornet blanc
Je me demande quel fou lillois du XIIIe a commandé ces deux petits Jacquot et Jacqueline
Je parie que les cabinets flamands coutent un prix fou, sans compter les trésors qui dorment dans les tiroirs secrets
Je refuse de me fier à la folle force de la frite flamande sans frichti
Je vois les faces curieuses et torturées dans l’excision de la pierre de folie

Mucius Caivola

Je vois l’hôpital et les soins de l’époque
Je sais que ces personnages ancêtres de certains étaient élégants et paraissaient dignes
Je remarque que l’oreille est quelque chose d’important
Je souligne que le panier de fleurs est gai et très coloré
J’ignore… tout ce que je dois encore découvrir
Je pense à ma grand-mère invitée chez des amis qui a avalé la limace se baladant dans la salade sur son assiette pour ne pas faire d’affronts à la maîtresse de maison
Je suis sûr que cet artichaut coupé en deux avec ces jolies framboises doit régaler le palais
Je me demande si je pourrai avoir assez de temps pour ce qui me reste à vivre pour voir tout ce que je voudrai
Je parie que cette table de jeux avec ces chopes bien remplies doit donner une bonne ambiance
Je refuse et regrette que tant de gens ne s ‘intéressent pas à l’art
Je vois que l’asperge dont c’est la saison est mise en valeur, ce qui donne une pensée à tous les habitats de l’Audomarois.

Arnould

Je vois que sourire n’est pas toujours facile même pour la ribaude qui n’offre d’elle que son image, pas son âme
Je sais que c’est difficile d’écrire un poème
Je remarque que le spot Jacqueline inspire
Je souligne qu’il y a les légumes V sur la table à dévorer
J’ignore si les objets ont une âme
Je pense à l’avenir
Je suis sûre que l’excision de la pierre de folie ne sera pas pour ces hommes le salut mais l’enfer
Je me demande si je serai capable de voir à travers les objets
Je parie trouver un cœur comme patate
je refuse d’avoir peur
Je vois que sourire n’est pas toujours facile même pour la ribaude qui n’offre d’elle que son image, pas son âme

Christiane

Je vois comment Buckman aime choquer
Je remarque le visage sévère de la vieille dame
je souligne la finesse des cabinets flamands
J’ignore ce qu’ils cachent
Je suis sûre que la ribaude devait attirer
Je me demande ce qui pouvait bien attirer ces hommes
Je parie que c’est son argent
Je refuse de croire que ce sont ses seins ?

Je vois l’horreur de la souffrance humaine à laquelle nous essayons tous d’échapper à tout prix
Je sais heureusement que la souffrance n’est pas seule au monde et que l’home arrive à s’ébaudir de la beauté et de plaisir à tout prix
Je remarque que l’humour est présent partout
J’ignore si on peut rire de tout
Je pense que le rire peut guérir bien des maux
Je parie que l’homme cache bien son jeu dans les cabinets secrets de son moi intérieur
Je vois l’horreur de la souffrance humaine à laquelle nous essayons tous d’échapper à tout prix

Marielle

Choses qui… selon les Notes de chevet de Sei Shonagon

Choses qui mettent l’eau à la bouche
l’odeur du pot-au-feu qui mijote dans la marmite (tripode)
la collection de soldats de plomb pour l’enfant
manger dans une belle assiette en porcelaine
une salade de poulet
une haie de mûres sauvages

Choses qui donnent envie de faire des kilomètres en voiture avec un vieux GPS
la nuit des musées à Saint Omer
et pourquoi pas le musée de la pipe ?
les détours et circonvolutions des faïences et céramiques
autour d’un bon repas avec de « vrais amis »
ben moi, ça m’est égal, c’est pas moi qui conduit
retrouver des amis !
s’intéresser à la céramique, repérer les cabinets d’amateurs du musée, découvrir l’œuvre de Samuel Buckman

Choses qui donnent envie de dormir
les cours de maths
un(e) ami(e) qui te présente sa collection de figurines du Père Noël
un voyage e n train
compter les moutons et les pipes
apprendre la liste des faïences
chercher un minuscule détail dans une pièce entière
contempler un vase pendant une heure
le bruit de la pluie dehors

Choses qui donnent envie d’écrire
la nuit des musées à Saint-Omer
ne pas savoir le dire
une pièce remplie de pipes… sans fumée !
un voyage au pays du Levant
minuscules dessins poétiques
personnages et animaux en porcelaine
les notes de musique

Choses qui pèsent leurs poids
une brique de cheminée joliment sculptée
une armée de soldats de plomb
nous sommes de faïence, aussi fragile
l’avion de Barbie (en jouet)
la vie, parfois …
cette soupière couverte à décor rocaille « en haricot »
le sens de l’existence