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Martin n’est pas un écrivain de best-sellers

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Martin n’est pas un écrivain de best-sellers. Pour imaginer son travail, dresser la liste des opérations transformant les hordes de collégiens en férus de littérature dignes du Nobel ?
Sélectionner des mots dans des phrases en devenir, choisir les mots par sonorités et les rassembler dans des phrases où ils résonnent pendant quelques secondes, au cours desquelles il faut se les répéter souvent, pour favoriser l’apparition d’images, délivrer ensuite les suites de phonèmes du poème en les enregistrant dans des microphones de marque assez intimidants, devant lesquels on hausse la voix pour susciter des larmes d’émotion en quantité raisonnable, redire plusieurs de ces textes ensemble pour fabriquer une chanson, chanter ces chansons devant les parents d’élèves.
Un travail extrêmement amusant, qui s’est déplacé des collèges aux hôpitaux psychiatriques. Avec l’hébétude des patients sous sédatif, les locaux vétustes, l’odeur de cigarette dans la cour des pavillons dont les portes sont fermées pour empêcher toute sortie intempestive. Un métier de rêve.