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Maître Corbeau aux multiples années

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Maître Corbeau sur un arbre perché,
Vieux sage aux multiples années,
Tenait dans son bec un fromage.
À la Normandie, il rendait hommage !
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Ajusta son pince-nez et
Lui tint à peu près ce langage,
Sans façon et sans ambages :
« Hé ! Bonjour Monsieur du Corbeau,
Vieux sage aux multiples années,
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !
Que vous êtes costaud !
Sans mentir, si votre ramage
Votre babillage,
Se rapporte à votre plumage
Et à votre lignage,
Vous êtes le phœnix des hôtes de ce bois.
Vous êtes le génie du monde d’ici bas.
A ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie,
Vieux sage aux multiples années,
Et pour montrer sa belle voix
Croas ! Croas ! Croas !
Il ouvre un large bec et fait tomber sa proie.
Plof ! Elle s’aplatit en bas.
Le Renard s’en saisit et dit : « Mon bon monsieur,
Vieux sage aux multiples années,
Apprenez que tout flatteur,
Tout tricheur ou flagorneur,
Vit aux dépens de celui qui l’écoute,
D’une oreille attentive ou non.
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. »
Penaud, vexé et grognon,
Le Corbeau, honteux et confus,
La queue basse et tourdue,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.