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Le plan de travail des cocons

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Clémentine n’est pas la femme
Ample d’un mythe : ici risquons
Le plan du travail des cocons.

Ces blancs immaculés cocons,
Comme flocons pleins de mérite,
Ont cuit et sont séchés ensuite.

Les mains dans l’eau bouillante, ensuite,
On délimite un fil soyeux
Qu’on tire — aucun bris ne risquons !

Pour les embobiner, risquons
Doigts rubiconds au cuir pourri :
Bien sûr l’étoffe le mérite.

Un tussor de si grand mérite
Est précïeux : que cette femme
En souffre, il sera plus soyeux.

Sentez ce filament soyeux
De moins d’un gramme, et des cocons
L’odeur atroce de pourri...

Étouffe tout espoir pourri
Dans cet abri sans air, ensuite.
On meurt — c’est un métier de femme.


Chaque vers termine par l’un des sept mots
1. femme
2. risquons
3. cocons
4. mérite
5. ensuite
6. soyeux
7. pourri
qui correspondent aux points de la figure ci-dessous, nommée « plan de Fano ».
Dans l’ordre 123 / 345 / 562 / 274 / 416 / 637 / 751, chaque ligne y représente une strophe.

Sans toucher au texte, ces 21 octosyllabes répartis en 7 tercets peuvent se convertir en 14 alexandrins d’un sonnet :


Clémentine n’est pas la femme ample d’un mythe.
Ici risquons le plan du travail des cocons :
Ces blancs immaculés cocons comme flocons
Pleins de mérite ont cuit, et sont séchés ensuite.

Les mains dans l’eau bouillante, ensuite on délimite
Un fil soyeux qu’on tire — aucun bris ne risquons !
Pour les embobiner, risquons doigts rubiconds
Au cuir pourri bien sûr : l’étoffe le mérite.

Un tussor de si grand mérite est précïeux.
Que cette femme en souffre : il sera plus soyeux.
Sentez ce filament soyeux de moins d’un gramme !

Et des cocons l’odeur atroce de pourri
Étouffe tout espoir — pourri dans cet abri.
Sans air, ensuite on meurt. C’est un métier de femme.