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La journée s’éternise

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La journée s’éternise et retentit d’aquilons, de tonnerre, avec pluie abondante, insistante. Elle prend de son cabas cet ancien exemplaire de « Watering Heights » *, tout mouillé d’une urine au parfum musqué et, sans préalable, explose, crûment : « Harry Mathews ! Oh ! This fucking ridiculous paperback has leaked... Wonderful ! Fantastic waterfall ! Think carefully, Harry Mathews ! What precisely should "Sainte-Catherine" recall, amongst dozens of naughty stories of your incredibly amazing career ? Storms ? Any earthquake ? Any rainy day ? Would this capture young followers ? Look, Harry Mathews I say directly no ! » L’adresse violente, alors qu’Harry l’aimait plutôt pour un langage tout de rigueur, fait mouche. « Penser aux tonnerres n’enclenche pas de redoutable apocalypse ! Par réciproque, moult activités orageuses (ça t’explique l’affreux soir, l’été passé), sinistres, noires certes, ne suggèrent proprement rien », dit Harry Mathews. Et Catherine, déterminée, cabocharde dit que tout ce charivari cruel, ce brutal tintamarre, cette confusion folle, finira par ensorceler chacune des journées d’été ou, par un infernal summum du vacarme, annihiler même les sons habituels rassurants, presque exquis, tel le son pur, reposant, du clocheton vespéral familier.

Intempérie, Mathews, Harry (Eau d’Hurlevent)