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L’insomnie

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La nuit... souvent je perds le sommeil. L’insomnie m’éveille, elle s’allume comme un feu qui m’arrache du sommeil. Grand brûlé, quand l’insomnie est là, il n’y a plus qu’elle qui compte. Toute ma pensée s’épuise en ceci que je ne parviens pas à dormir. L’insomnie m’hypnotise. Je peux bien chasser toutes ces pensées qui me tiennent éveillé, mais pas celle qui me dit que je ne dors pas. Cette pensée s’enfonce partout dans mon cerveau comme une punaise de cuivre, elle y taraude de solides cratères comme ceux que l’on peut apercevoir sur une lune élégante, alors que je rêve d’une surface, lisse comme celle d’un ongle soigné, sur laquelle toutes mes pensées glisseraient vers l’abîme du sommeil. Mais celui-ci demeure un rêve, et je n’en suis que mieux éveillé. Je voudrais rafraîchir toutes ces pensées, les aérer, les perdre d’un coup de vent des vacances, je voudrais les enfermer dans un camp de vacances, les noyer dans la mer, je voudrais les exclure du ciel infini dans lequel elles se perdent mais reviennent toujours identiques. Le sommeil, ce serait pour mes pensées le lieu des vacances dans lequel elles seraient assoupies. Chaque pensée y serait rêvée longtemps après qu’elle aurait disparu de mon cerveau tandis que je dormirais enfin.

Par hzenon