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Gestomètre sensitif et fivois – manière de poème de métro autour de la friche de Lille-Fives-Babcock

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Entrevoir une courée au fond d’une venelle et des cageots de fruits se gelant contre un mur
Guetter le pas des moineaux qui montent aux pignons vers la grisaille du ciel
Arpenter les trottoirs des rues des Noirs, de l’Ecole, Dupuytren et Denis du Péage (coucou, Ian !)
Imaginer le fracas des vivtres que l’on brise aux verrières de l’usine sous l’œil courroucé de Saint Eloi qu’on a rangé dans une impasse
Se frotter à la brique (défense de se ficher de moi) et à la rouille des portails
Etre comme anesthésié : le pain doré ? aucune odeur. Le clocher de l’église Saint-Louis ? aucun son de cloche. La Bourse du Travail ? aucun bruit de machines
Se retrouver sidéré : dans le square, un statue de bronze. J’y vois un homme en creux : peut-être un hommage à l’ouvrier disparu
Sentir l’épaisseur d’un autre silence : celui des cours de récréation, école publique Broca, école Saint-Louis privée d’enfants
Tenter de déchiffrer les graffitis effacés tracés sur les murs de l’usine : vive la…, prière de ne pas…, et ces trois lettres « r ê v »
Tomber sous les griffes du dragon de la cité Saint Georges qui veille sur l’âme des locomotives fivoises
Entendre au loin la voix mirlitonesque de Robert Marley dont le visage est peint sur un mur de la rue Boldoduc
S’écorcher le regard aux rouleaux de barbelés qui surmontent les herses des portails interdits
Résister à la tentation d’actionner le heurtoir de bronze qui orne la porte banale d’un jardin banal, attenant à une maison banale
Imaginer avoir les mollets fouettés par les herbes folles qui envahissent les friches et le bas des murs de briques
Etre frôlé par les voitures folles lancées, telles des taureaux à la féria de Pampelune (olé, Francisco !)
Avoir les doigts frigorifiés au long de ce périple fivois, et pourtant il me faut… mettr’au propre ce poème de… métro