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Donner de la voix

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Textes écrits en 2018 et 2019 par les jeunes du CMP de La Madeleine : Carlos, Clara, Éloi-Désiré, Eunyce, Evan, Kassandra, Loane, Louis, Noémie, Pierre, Ryan, Solène, Sophie, accompagnés par Céline, Murielle, Laetitia, Greg et Martin.

Un projet réalisé dans le cadre du programme culture-santé de la DRAC et de l’ARS des Hauts-de-France, avec le soutien de la médiathèque de La Madeleine.

Parce que

Mathophobie

Tous les jours

Je suis confus


Éteindre l’eau

Détourner la mort du beau temps
Quitter l’état naturellement
Faiblir les murs du Niagara
Mettre l’agneau dans ses bois

Bloquer le vide qui s’enchaîne
Caresser l’eau dans nos déveines
Baisser l’silence de la musique
Et le calme des monocycles


Les voleurs de vie

Rire dans le ciel
S’oublier au paradis
Sourire à la nuit
Comme des oiseaux flamboyants
Ton cœur me fait le vide
Et dessine en tremblant
Un volcan assassin
Accompagne-moi jusqu’à l’amour
Endors-toi pour brûler les vagues


Il est trop tard

Trop tard pour quoi ?
Trop tard pour jouer aux jeux de guerre
Pour faire des pâtes au sel de mer
Trop tard pour lire ses cours
Trop tard pour rire
Trop tard pour dire des mots qui blessent
Des mots qui tuent des mots qui puent
Comme des faux-culs
Trop tard pour faire ses tresses
Trop tard pour perdre sa graisse


J’aime pas

J’aime pas quand je suis seul,
Tous les jours, je m’effrite pour cracher dans une grotte
Je déteste quand on me blesse
Tous les jours, je m’accroche
Je voudrais voyager dans le brouillard

J’aime pas quand ma mère râle
Tous les jours, je crée pour désherber dans l’Antarctique
Je déteste quand je m’ennuie
Tous les jours, je bois
Je voudrais creuser dans un mouchoir

J’aime pas quand les gens meurent
Tous les jours, je ris pour me sacrifier dans ce miroir
Je déteste quand j’ai le seum
Tous les jours, je me viande
Je voudrais vibrer dans l’ascenseur

J’aime pas quand je me plante
Tous les jours, je tue pour m’anesthésier dans le hasard
Je déteste quand on me pique
Tous les jours, je trépigne
Je voudrais saigner dans le couloir


Odyssée élémentaire

Aventurier courageux, compagnons métamorphosés
Sirènes envoûtantes, voyage long
Magicienne cruelle, voyage cruel
Sirènes ensorcelées, océan dévastateur
Femme patiente, barbe grande
Bateau naufragé, Télémaque guerrier
Cyclope aveuglé, déesse protectrice
Broderie décousue, chien fidèle


Parce que

La terre tourne parce que la tornade souffle
La grand-mère gronde parce que Paris est sale
Il fait beau dehors

Les chiens aboient parce que la lune est pleine
L’estomac gronde parce que le vent se lève
La mer s’évapore

Notre-Dame brûle parce que le sultan règne
L’herbe est coupée parce que le sang circule
Le petit chat est mort

Le soleil brille parce que les yeux regardent
On n’apprend rien parce que le cerveau meurt
Pousse la fleur carnivore


Mathophobie

Les maths c’est une langue morte
Et je ne suis pas anglophone
Il faut que je me sorte
De cette nuit où je tâtonne
Et où les inégalités s’additionnent

J’veux pas diviser ma famille
Mais je multiplie les ennuis
Et en matière de maths
Je prends tout au premier degré

J’utiliserai Thalès
Quand il faudra sortir le chien
Pythagore je lui fais
La tête au carré
Au carré de l’hypothénuse

Carré de l’hypothénuse et nombres complexes
Carré de l’hypothénuse et nombres complexes
Carré de l’hypothénuse et nombres complexes
Carré de l’hypothénuse et nombres complexes


Concordance des temps

Maintenant
Le cœur monotone j’écris
Je suis heureuse
Je chante
Je danse en chantant
J’ai envie de dormir

Il y a 10 ans
Je rigolais
Ma vie changeait
J’étais un paon
Je croyais au père noël
Je mordais mon frère

Demain
Il fera beau
Je mange ma main
Ce sera mieux
Je chanterai
Je me lèverai tôt

Il y a 40 ans
Mitterrand était président
Ma grand-mère se mariait
J’écoutais Claude François
Le premier bébé éprouvette naissait
Je serai président

Aujourd’hui
Ressemble à chaque jour qui passe
J’ai des yeux de chat
Cet arbre a vieilli
Je ris
Je vais bien
Je vais au puits

Quand j’étais petit
Je brûlais les poupées de ma sœur
Je jouais aux Barbies
Je jouais
Je mangeais des fourmis
Je roulais des mécaniques

Dans une heure
Je serai encore là
Je prendrai mon goûter
On aura ni
J’aurai peur
J’aurai faim

Dans 20 ans
Le monde changera
Les poules auront des dents
J’ai du sang
On verra bien
Le bonheur m’attendra

À la minute où je parle
Je me demande quand ça s’arrête
Je pense,
Coup de foudre
J’peux m’énerver

Hier soir
Je tombais dans les bras de Morphée
J’ai fait un cauchemar
Il faisait noir
J’me suis couchée tard
Je pensais à ce qui pouvait arriver

En ce moment
Il y a pire
Je serai raisonnable
Je mourrai
Je penserai aux autres
Je serai prudent

Cette année
Je vais sur la lune
J’irai en Espagne
Ce fut difficile
Il a neigé
Je mange des panais

Par le passé
Je suis née
Je reviendrai
C’était bien
Je l’ai cassé
Y’avait pas d’écran

À ce moment là
Je pensais
J’essaierai de changer
Il est arrivé
Je pleure après papa
Zorro est arrivé

Plus tard
Je changerai le monde
J’aurai le courage
L’arbre poussera
Je crierai

Pendant les vacances
Je me repose
J’ai de la souffrance
On se relâche
Je dirai ce que j’ai sur le cœur
Je m’éloignerai

Bientôt
Je le retrouverai
Je pleurerai
La récré
Ça recommence

Un jour
Je serai un artiste
Mon petit frère parlera
Je mourrai
J’y arriverai
Pour faire l’amour


De si loin

De si loin je te cherche
Depuis que je suis petite
De si loin je te cherche
Comme un steak sans ses frites
De si loin je te cherche
Comme on cherche une pépite
De si loin je te cherche
Au cœur d’une météorite


Quelle merveille

Ah quelle merveille !
De s’abîmer dans le sommeil
Ah quelle merveille !
De s’étendre au soleil
Ah quelle merveille !
D’éteindre son réveil
Ah quelle merveille !
De se faire piquer par une abeille
Ah quelle merveille !
De ne pas se souvenir de la veille


Je suis confus

Ma voiture s’est écrasée
Lors d’un voyage en Asie
J’ai le cerveau amoché
Je suis frappé d’amnésie
Tu ressembles à un sosie
De mon voisin de palier
Je suis confus

Exprime ta jalousie
T’as le droit d’être énervé
Saisis-toi de ton fusil
Essaye de me tuer
Je suis confus

Je suis pris de frénésie
Geeké sur ma PSP
Porté par la fantaisie
Je ne peux plus m’arrêter
Je suis confus

L’amour qui m’anesthésie
Donne envie de s’accoupler
Comme un pompier cramoisi
Mon visage est empourpré
Je suis confus


Oiseau moqueur

C’est l’oiseau moqueur qui vous le dit
C’est la fin aujourd’hui
C’est l’oiseau moqueur qui vous le dit
Invente des rumeurs
C’est l’oiseau moqueur qui vous le dit
T’es moche en bigoudis
C’est l’oiseau moqueur qui vous le dit
Et tant pis si tu pleures
C’est l’oiseau moqueur qui vous le dit
Vilain et rabougri
C’est l’oiseau moqueur qui vous le dit
Comme dans un lm d’horreur
C’est l’oiseau moqueur qui vous le dit
Mange tes spaghetti
C’est l’oiseau moqueur qui vous le dit
À en avoir des hauts-le-cœur


Chanson bipolaire

Quand l’orage arrive
Le soleil blanchit les ombres
Apparaît un arc-en-ciel
Rayonnant de couleurs vives
Les nuages dérivent dans notre cœur
Jusqu’à ce qu’on meure dans un cercueil


Haikus à la dérive

De loin et de près
s’entend le bruit des cascades
la chute des feuilles

À une grande distance, dix kilomètres environ, et à proximité c’est-à-dire un nanomètre, les chutes du Niagara et autres cours d’eau nous font écouter leur douce musique, les sons de l’automne dans la campagne.

Dans les cumulus
Sous nos pieds
Les larmes, la mer
Bercent les feuilles qui craquent

*

Ici au nord
la sainte borne délimitant
les frontières du domaine du dieu

Pas là où nous sommes situés
la pierre catholique dans le sol découpant
les causes des guerres d’un parc privé du seigneur invisible

Ici, là l’Église sanctionnant la haine dans le jardin sacré de Dieu.

*

Grondent
les tambours de guerre
jusqu’à meurtrir
la chair de l’automne

Hurlent
les boîtes à rythme des jihadistes
jusqu’à assassiner
la peau de la saison rouge

Tonnent
les tambours des soldats
qui font tomber
les armures de la guerre

*

J’aurais dû m’en douter !
Elle était là tout le temps
Tortue
Elle nous éclaboussait
Et on croyait que c’était des vagues !

C’était évident
Elle n’était jamais partie
Reptile fatiguée
Elle nous arrosait de gouttelettes
Déguisée en marée !

Bien sûr
Elle était toujours là
Vieille tortue épuisée
Elle nous douchait
Cachée par le costume des mouvements de la mer