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Amours contrariées
Deux droites parallèles, si proches et loin pourtant
S’aimaient mais en silence, d’un amour impossible
Et leurs cœurs affolés se cherchaient ardemment
L’une zyeutait toujours l’autre et la prenait pour cible
Les yeux rivés aux yeux rêvaient de se rejoindre,
En un seul et même point, où l’amour pourrait naître.
Mais hélas, leur élan, qui ne cessait de poindre
Trahi par la géométrie, qui les envoyait paître
« Proches et éloignées ! » disaient-elles dans le vide,
« Et ce cruel écart, et ce gouffre infini ?
Nous sommes pourtant égales, chacune sur sa rive
À jamais séparées, tu es si loin ma mie »
Et dans le ciel immense, leurs destins sont à part
Elles se croisent en pensée, sans jamais se tenir.
Deux droites, deux amantes, que le destin sépare,
L’une dextre, l’autre senestre qui ne voient rien venir.
« Pourquoi aucun contact ? Même pas un baiser ? »
Elles se lamentent ainsi dans l’espace du silence,
« Et ce vide entre nous, où l’on se meurt d’aimer ? »
Deux amours contrariées, aux cœurs pleins d’espérance
S’allongent et se prolongent et creusent leur sillon.
Toute à leur solitude, elles voient l’amour passer.
Et tant que l’horizon reste leur compagnon,
Les droites parallèles ne pourront pas s’aimer.
Tu nous emmerdes Euclide avec ton postulat
« deux droites parallèles ne se touchent jamais »
Tu pourrais pas un peu l’assouplir pour une fois
Juste une fois qu’un jour on puisse s’entortiller
Bon d’accord pas question tu es psychorigide
Mais t’es pas seul l’ancêtre on s’en va chez tes potes
Riemann et Poincaré sont des euclidicides
Et ils nous fourniront volontiers l’antidote
Ça y est on y est dans ce nouvel espace
On y a ce qu’il faut, on peut même s’y croiser
Tu r’connais rien Euclide, oui on sait ça agace
On a un un point commun, on va pouvoir s’aimer.