Accueil Z’écritoires En sortant des ateliers
Du collège Franklin à la Citadelle

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Cette étendue de tulipes et ces façades n’ont rien à voir avec la canopée
Faire tomber les grilles, laisser la glycine entrer, quel travail !
que jamais le temps ne renâcle à exécuter avec un peu de patience
Le travail sait l’heure du hêtre poilu, l’heure du charme incisif, aussi juste que le charme d’à-dents, c’est d’hêtre à poils
(Ève sort du Palais Rameau et nous regarde d’un air effaré ; elle est à poil mais avec une glycine qui couvre sa chatte)
Freud au travail grimpe jusqu’à la nue dans l’arbre qui cache la forêt
Mais Ève lui opposa un refus sans appel malgré la beauté des lieux
Si seulement elle avait su que depuis des mois, moi je la rêvais sous moi et surmoi
Après analyse, il semble que ce sera finalement sans moi : on ne peut pas « hêtre » et avoir

Drache des mots sur nos têtes
que les échardes pourrissent sur nos doigts de belles expressions
reflets de l’opérette de nos vies
murmure du fantôme de notre mort
bris de verre, reflets de l’eau, mort refoulée
Afrique au son de djembé, toi tu vis
tu vis tout ce qui est à vivre, sans trop de hurleries
Cochon qui s’en dédit
Drache des cadeaux sur nos lettres

J’ai vendu ma maison, il faut à présent que j’en achète une autre
secours au bâtiment absent, un reflet de musée me console
trois filles qui passent me regardent, l’une en acier, l’autre en fer, l’autre en fonte
la pression matérielle me pousse à la fuite transcendantale
espionner, tellement délicates qu’elles n’y parviennent pas
jongle, flirt, musique, tir à la carabine, deal, pêche aux canards, je pourrais en apprendre au jardin Vauban
dans une roulotte, une voyante me presse à la fuite : pêche, flirt puis tir délicatement
le soleil caresse ma joue, même la citadelle s’illumine
il traverse le feuillage naissant du saule pleureur

Portes et fenêtres ouvertes sur le ciel
Rideau de résille de lignes de cils derrière quoi le sommeil
Fatiguons-nous un peu : il nous faudrait économiser le repos
Et puis on dormira comme le peuple qui se cache derrière les paupières des maisons vides
Attendant des couronnes octogonales, tressées de rameaux imaginaires
Les yeux clignotants, ils peignent de continuer à tresser
Force de réaction rapide, sait-elle seulement où aller
Maisons folles où courent, sous nos paupières brûlantes des rhinocéros de feu
Nous atteignons la forteresse, cris de peur, paysage enchanté

Place Georges Lyon, ronron du hayon en suspension
Palais des Beaux-Arts, musicalité des arbres, beauté de la transparence, aucun haillon
Sur le trottoir, trois statues voilées se mettent en marche
Port d’un filet pare-baiser, histoire d’éviter de se faire trouer la peau,
De se faire canarder sans palme de cane ni de Cannes …
Vraiment le monde est un cinéma
Qui a ses ratés, ses navets et ses statues de sel en marche qui fascinent
Un cinéma en retard, peu intéressant
Je retourne donc roder, m’étourdir dans le fracas de la fête foraine

Quel curieux amour que celui des géraniums
Les jonquilles dépérissent sous les platanes : pâle reflet jaune sec sur la trame de l’architecte
Sculpture, signe de culture, plus de sectes
Au croisement prochain c’est le palais Rameau, je prends à droite, et vous ?
J’emboîte le pas du cirque et de la caravane,
Le pas de l’oie non, mais dans l’enthousiasme le vol du pigeon résistant
Et quand on en a marre de l’amour et des jonquilles, du cirque et des pigeons, fin bref de la Culture, on fait quoi, on prend le train à la gare de Lille-Europe ?
Laisse filer en TGV les cumulus du doute et abandonne-toi aux bras de la foraine

La stupeur du supporter c’est le support du sport
La peur de la perte porte parfois au stupre
Très bien repu, le sommeil est hallucinant
Pour ce sportif avec ce port de tifs
Hâtif, actif, le sommeil arrive à bon port
La perte d’un membre pousse le sportif à la luxure
Plus de main, plus d’écriture
Plus de pied de cochon, plus de garbure
Passent la peur et la stupeur, repassera le temps de cités apaisées

Nul ne le soupçonne soulever des tonnes invisibles d’eau par-dessus le parc Lebas, notre soleil d’avril lillois !
Nul ne le soupçonne voir sortir par la fenêtre des pieds nus et une cigarette dont les cendres vont s’enfuir
L’illusion traverse le miroir, l’esprit s’arrête à la symétrie
Et tout le monde est stupéfait hormis les enfants
Mais nul ne les soupçonne eux car ils n’arrivent pas à la hauteur du miroir
Derrière le miroir, peut-on les soupçonner de des tonnes invisibles d’eau du canal, illusoire illusion de créer du vide ?
Les cendres dispersées dans l’eau du canal, personne ne soupçonne sa mort
Que me faudra-t-il perdre pour ne pas soupçonner
La présence de la fête foraine jusqu’alors invisible.

Qu’il est juste et bon de se respecter mutuellement
Un honneur, ce juste vers
Assemblée attentive, honneur au juste orateur
Le palais Rameau, toutes ses plantes et ses odeurs adoucit les peurs
Sous les palmiers, ce lion superbe et généreux, Lille n’est plus dans les glaces
Lille n’est plus dans Lille comme l’emploi au pôle
Des trois lointaines murailles laquelle la fixe et la touche au cœur ?
Lille n’est plus une ville, c’est plutôt un pique-nique
J’ôte le rien à Lille et le néanmoins anime la ville comme un shaker.

Pléiades de marche, avec mots imposés au fur et à mesure qu’on se passe la feuille.