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Zaaza, ou l’infortune de Paul

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Trois nuits glaciales de bon cheval vous ont ramenés de la montagne de Zaaza, no man’s land de la Constipation Momentanée. La terre à jamais immobile dépose les parfums de la ville, et bloque un amas épais, gris acier, qui commence à se dégager de toutes les nudités. Sa clameur grave avance sans cesse, et carrément n’autorise aucune bouderie hors de la maison. L’Intellectuel du Brun de Galet conteste que si un contrepet devait passer une nuit à s’essouffler, la vierge du seul village de Zaaza se relèverait.
A Zaaza, la nuit du dernier rayon de soleil de l’automne, le vieillard qui ne prendra pas dix ans à l’instant laissera certainement la poussière d’ordure dans l’offrande d’une croûte.
Sous cette croûte s’est effacée son absence d’enfance. L’exorcisme cache aussi mal son ancien chômage, l’anonymat de son rival ou de son adversaire, le peu de ses parents que l’antidate de sa naissance. D’incontestables infortunes sont tristes ou dures, d’autres d’une rassurante originalité, toutes déjà tranquilles et coagulées. Mais aussi débonnaire soient-ils, tous les parias de Zaaza dérogent au chiffre, avec joie, avec soumission.
Vous avez tu à votre subalterne votre indifférence. Il a pleuré.

— Infliger la plus comique des infortunes est beaucoup, si l’on est dans l’ignorance de son sale bonheur.

Contradictoire