Accueil L’oulipien de l’année Diomira, une ville invisible
Snob

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Partant de là puis allant dix jours à l’est, l’homme s’introduit
à Diomir, un pôle urbain se glorifiant de vingt coupoles d’or,
d’un viril panthéon d’airain, d’un théâtre d’opale, d’un coq
d’argent qui chante sur ce donjon le matin. Ce grand luxe
d’apparat, le fin voyageur l’a vu et connu déjà, sous d’autres
choix de climats. Or la spécificité d’ici s’exprime quand l’on y
arrive un soir d’octobre, quand le jour s’abrège, l’instant où
s’allument shops à poissons et lampions de millions de coloris,
et où la voix d’une vamp crie « hou ! » d’une villa : on s’étonne
d’envier la mémoire d’autrui, de l’être qui a vécu la même nuit
déjà, qui n’oublie pas qu’il fut alors dûment ravi.