Accueil L’oulipien de l’année La Peinture à Dora
Sans (D)ora (qui a le dernier mot)

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C’est essentiellement, en ce temps des nuits juste débutées, que je me décide et tente ceci (que je dis ci-dessus). Seulement, mes dessins peints, fuient vite en mes pensées, et même vite, vite.
Si, je les mets en le système de Mendeleiev, ils (mes dessins peints en pensée) se situent , — si j’étudie le temps de demi-vie des éléments - en les éléments de petite demi-vie. (exemple : une des espèces de Th : 0,14 s et le plus dense des éléments : 3 min.)
Mes dessins peints en pensée se délitent en peu de temps, dessins de pluie fugitifs.
Et mes plus belles esquisses suintent et glissent, elles fuient tel un demi-cuit négligé et tiédi.

De temps en temps, mes pensées quittent ces dessins liquides. Je m’en fiche.

Il se peut que j’insiste, et infiniment : j’utilise un des dessins en déliquescence et vite, vite, vite, un dessin peint suit.

Et vite, vite, vite, vite, il s’érodera.

Lipogramme en (D) o, r, a ; sauf le dernier mot.

PS - Maurice de la Pintière réalise après sa libération une série de 35 lavis effectués de mémoire à partir de croquis effectués dans le camp de Dora : « Dora, la mangeuse d’hommes ».

PPS - Plusieurs des scientifiques nazis qui travaillèrent à Dora, et savaient comment étaient traités les prisonniers, furent ensuite « récupérés » par les Américains et les Soviétiques et contribuèrent à l’élaboration de la filière balitistique, puis la conquête spatiale de part et d’autre pendant la guerre froide (opération Paperclip du côté américain, département 7 côté soviétique).