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Les fenêtres qui parlent à Fives

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Des textes de Robert Rapilly mis en scène par Delphine Sekulak dans une centaine de fenêtres fivoises.

Du 19e siècle aux années 50, Fives-Lille aura été le plus important site ferroviaire français.
Ce fut, dans le même laps de temps, le nom d’une station au nord de l’Argentine où Fives-Lille avait amené capitaux et techniciens, rebaptisée Vera y Pintado en 1951.
Originaire de la province, Bernardo de Vera y Pintado avait écrit l’hymne national chilien en 1819. Mais c’est un autre air qu’on a peut-être murmuré là-bas dès 1889 : l’Internationale, composée l’année précédente par le Fivois Pierre Degeyter.
Source de l’extrait ci-dessous, le compte rendu annuel aux actionnaires en 1888.

Mois de novembre mil huit cent quatre-vingt-huit,
l’espoir - comme un lingot du fond d’un coffre - luit !
Nous nous félicitons, au nom de Fives-Lille,
que l’effort consenti ne fût pas inutile :
commande d’un réseau pour les chemins de fer
de l’État argentin ! Il nous faut achever
l’ouvrage sans retard. Combien de kilomètres ?
Près de six cent cinquante. Accord en toutes lettres :
bâtir puis exploiter l’équipement rivé
entre San Cristobal, secteur de Santa Fe,
et Tucumán au nord, capitale du sucre.
L’Indigène, on le sait, travaille à peu de lucre :
jadis on l’a fixé sous charpente et métaux
où raffiner la canne en mélasse et cristaux.

Doublons nos gains anciens de nouveaux dividendes,
apportés d’Atlantique à l’orient des Andes !
Cette concession vient du gouvernement,
la garantie en sus. Et fort commodément,
il fut constitué, par nos soins, Compagnie
Française des Chemins de Fer Argentins. Vie
longue y soit donnée ! Et cependant je vois
prudence à conserver dans un panier fivois
une part des œufs d’or. Pour la forge fivoise,
la banque de Paris et des Pays-Bas croise
foule de souscripteurs, à qui nous répondrons
en achevant la Ligne aux délais les plus prompts.
Nous aurons couronné de vertus offensives
l’éternité promise à l’Usine de Fives !