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La nuit baobab

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Le jour n’est plus qu’un souvenir… Quand nous aurons rajouté du bois d’acajou (à défaut de baobab) sur le bûcher, seules nos silhouettes resteront visibles à contrejour. Quand on joue avec le feu et que l’on compte les joules qui s’ajoutent aux joules, le feu aux joues, on tombe sous le joug du feu. En cette fin de journée, un Éole joufflu a secoué les girouettes forgées de fer ajouré qui tournent comme des rouets et chassé les nuages. La voûte du ciel est tatouée d’étoiles, telles des bijoux, qui jouxtent une jolie lune ronde comme une joue. Bien sûr le froid fouette, on serait bien resté sous la couette – sans doute demain serons-nous enroués – mais on respire, on s’en met plein les soufflets. C’est les vacances, un jouissif bain de jouvence. Une chouette envie de louer sur la côte, d’être Pirouais le temps d’un séjour à la mer, de s’échouer, de jeter sa bouée, houaiches et mouettes – comme un tour de scénique rélouais (1). La mer ? Le ciel ? J’ouvre un débat enjoué. Vaine joute : dans les deux cas, j’outrepasse l’imaginable. Embarquons, décollons, n’ajournons pas ces souhaits inavoués… Aujourd’hui j’ouïs le bruit d’étoiles que j’oublie aussitôt. Toujours ces histoires de mégajoules. Alors j’en joue, ouais !

(1) Emprunté à Queneau, Le Dimanche de la vie.

Baobab sur le couple [ʒu] / [we]