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L’énigme du manuscrit d’Oulipich

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Brève scientifique : l’énigme du manuscrit d’Oulipich* enfin résolue ?

Une publication récente a sans doute apporté une solution à l’énigme du manuscrit d’Oulipich, énigme qui persistait depuis sa découverte par un collectionneur de livres anciens au milieu des années 80. Rappelons que ce manuscrit, qui semble écrit selon un alphabet ou un code indéchiffrable, est un des mystères historiques sur lequel les plus éminents représentants de la cryptologie ont déclaré forfait.

C’est dans la bibliothèque de l’Université de Salamanque, la plus ancienne Université espagnole que le collectionneur a trouvé et acheté le document en question, celui-ci étant donc rédigé dans un alphabet a priori inconnu. Depuis lors, les thèses s’affrontent. Pour certains, le livre aurait un contenu qui ne serait lisible que pour les initiés et pour d’autres il s’agirait purement d’un canular.

Une percée dans la compréhension du texte semblait avoir été réalisée en utilisant une correspondance entre les lettres de cet alphabet inconnu et l’alphabet romain via une grille du type grille de Cardan**, une méthode de cryptage classique. Utilisant ce mode de lecture, Bénabou (2006 et 2008) démontra au terme de deux études faisant intervenir la linguistique et la statistique, la présence de redondances utilisant des parties de textes de différents auteurs : « par mots, par groupes de mots, par phrases entières dans certains cas ».

Plus récemment, et après une analyse spectrale utilisant les dernières avancées technologiques dans le domaine, un chercheur du P.O.U. (Polytechnical Occitan University) a pu démontrer qu’il s’agissait d’un faux forgé de toute pièce. En effet, ce qui avait été considéré comme un vélin du 15ème siècle serait en fait de la peau de mouton utilisée pour forger un des plus fameux canulars du XXème siècle (Bové, 2013). L’auteur y démontre, preuves analytiques à l’appui, que la peau proviendrait d’un mouton amené par les manifestants du Larzac à Paris en novembre 1980, mouton mort du mal du pays sur le Champ-de-Mars. L’analyse chromatographique liée à la spectrométrie de masse a en effet permis de mettre en évidence des traces de pollen d’une plante présente de façon importante dans l’Aveyron (Ophrys Aveyronensis ou Ophrys de l’Aveyron) et par ailleurs, l’analyse a également montré dans l’échantillon de peau analysé, des traces de noradrénaline, l’hormone du stress dont on sait que c’est la molécule émise par les glandes surrénales à destination du système nerveux sympathique en cas d’agression, ce qui était probablement le cas des moutons découvrant les bataillons de CRS les attendant à leur sortie du camion, propose Bové.

Bénabou (2014) reprenant ses recherches à la suite de cette découverte déterminante a courageusement reconnu son erreur affirmant que, selon lui, le document ne voulait en fait rien dire (« pur néant ») et a reconnu s’être trompé dans le découpage de la grille de Cardan utilisée lors sa précédente analyse du fait d’une dyslexie insoupçonnée.

Saluons ces travaux d’investigation et de courage scientifiques. Qui a forgé ce canular et dans quel but, reste à déterminer.

Sources -

 Bénabou M. (2006) - Evidence of plagiarism in the Oulipich manuscript using alphabet analogies and statistical method. Cryptologia, 10:123.

 Bénabou M. (2008) - Patterns and redundancy in the Oulipich manuscript. Archives of European Cryptological Studies, 20:2345.

 Bénabou M. (2014) - Wrong cutting up of a Cardan grille led to false conclusions about the Oulipich manuscript. Journal of Scientific Apologies. 24(11):1960.

 Bové R. (2013) - Spectral analysis of Oulipich manuscript demonstrates the use of sheepskin instead of vellum. Hypothesis on the origin of the sheep. Journal of Occitan Spectroscopy and Spectral Analysis, 12 : 1981.

* Texte inspiré de : http://fr.wikipedia.org/wiki/Manuscrit_de_Voynich

** http://fr.wikipedia.org/wiki/Grille_de_Cardan#Inconv.C3.A9nients_des_grilles_de_Cardan