Accueil L’oulipien de l’année Diomira, une ville invisible
Hollywoodien

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« Bill, et ce voyage ? Tu me racontes la suite ?
— Ouais, si tu veux. Où est-ce qu’on en était, déjà ? Ah oui, je me rappelle. Bon, alors là, après, j’ai continué un petit bout de temps vers l’est.
— Comme Tournesol ?
— Non, lui c’était un peu plus à l’ouest, ce me semble.
— Ah oui, tu as raison. Enfin, peu importe, continue !
— Et puis je suis arrivé à Diomira.
— Do mi la ? Comme un accord de la mineur renversé ?
— Non, Diomira. Et puis cesse de m’importuner tout le temps avec tes métaphores à la noix, veux-tu ?
— OK, ça va, on se calme. Et puis, c’est comment, à Do mi machin ?
— Diomira. Oh, c’est pas mal. Y a des trucs qui rappellent un peu d’autres cités. D’abord c’est plein de coupoles, genre Panthéon, tu vois ? Quand t’es dedans, t’as l’impression de contempler Pamela Anderson de l’intérieur.
— Ha ha, impayable, ce vieux Bill !
— Et puis les statues ! Alors là, c’est carrément l’ile de Pâques. Y en a à tous les coins de rue. Y a aussi une espèce de cathédrale en cristal, comme celle de ce télévangéliste californien, tu sais, celui qui fait des sermons à la TV tous les dimanches ?
— Non, je vois pas. Du reste, j’ai pas le câble. Je ne reçois que la station locale. Le dimanche matin, ils passent des vieux épisodes de « bonne nuit les petits. »
— Pas grave. En tout cas, c’est plutôt un théâtre, en fait, pas une église. Les rues, ça fait un peu penser au Magicien d’Oz, sauf qu’à la place des briques jaunes, c’est de l’étain.
— De l’étain ?
— Ouais, ou du zinc, ou quelque chose. Attends, je vais t’en dire une bonne, mon vieux. Il y a un satané coq doré qui chante en haut d’une tour.
— Ça, c’est comme à Nogent-le-Rotrou, alors. C’est pratique quand on y a perdu sa montre, ha ha !
— Tout juste, Auguste ! Bref, c’est pas mal, mais c’est du déjà vu.
— En gros, ça vaut deux étoiles au Michelin ?
— Ouais, à peu près. Un truc vraiment bizarre, c’est quand t’es là en septembre. Le soir, ils allument tous les MacDo en même temps, et y a une espèce de bonne femme qui se met à hululer sur une terrasse comme un hibou. Ça fait froid dans le dos. Quand je pense qu’y en a des à qui ça rappelle des bons souvenirs, vraiment, je sais pas comment ils font.
— Bizarre ! »

Dialogue de film américain, typiquement mal doublé par des gens qui essaient d’introduire des éléments culturels français ou des expressions argotiques complètement ringardes dans le dialogue, et qui mélangent souvent les registres. À lire de préférence à haute voix en imitant la voix et l’intonation de ces cinq ou six personnes qui doublent tous les films.