Accueil L’oulipienne de l’année C’est un soir de vent
Heathcliff

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Terre, ifs
Et rocs,
Abris
Des coqs,
Bruyère
Où errent
Les corps
Des morts.
 
Dans la lande
Naît un cri.
C’est la haine
D’un maudit.
Il réclame
Une femme
Que le drame
Toujours suit.
 
Le cri plus grave
S’enfle en écho.
D’un vent qui râle
C’est le héraut.
Il siffle et danse
En déshérence
Sur un vieux tremble
Secoue le Haut.
 
La foudre s’entête,
La pluie la relaie.
C’est sur la fenêtre
Des coups de bélier,
C’est un fil de pluie
Qui coule et s’infiltre
Qui grossit, persiste
Et frappe la vitre .
 
Dieu ! La voix stridulante
D’Heathcliff !- Quel noir il fait !
Lisons dans la tourmente
Hurlemont en bédé !
Soudain l’éclar diffus
Et le tonnerre aigu
Font sauter qui a lu
Le roman d’E. Brontë.
 
C’est le destin d’Heathcliff-Las !
Lui claironne le serment
De déposséder la race
D’Earnshaw, le Maître d’antan.
Sans remords, sourd et avide,
Ployant sous sa loi rigide
Ensemble Hindley, Catherine,
Sans pitié pour leurs enfants .
 
Il est tout près !-Tenons fermée
La fenêtre où nous relisons.
Qui prie dehors ?Triste croisée
De soupirs et de passions.
Le cadre de bois descellé
Laisse passer la main glacée
Et la plainte d’âme égarée
Dans le vent étouffe le gong .

S T C H M M Y

À la manière de Victor Hugo, Les Djinns.