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Dix mots sans-papiers

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Tapi à Berlin ou en cordée au Tibet ou errant à Sangatte, passer une frontière est toujours quelque chose d’émouvant, à défaut d’accueillant : un fil imaginaire, matérialisé çà et là avec le bois d’une barrière ou la pointe d’un barbelé ou le moutonnement des gouffres amers [...] suffit pour tout changer, et d’abord réseauter différemment les éléments du paysage : c’est - certes harmonieusement - le balancement du même air sur la même terre ; mais la route n’est plus tout à fait la même, la graphie tantôt complice des panneaux routiers change ; les boulangeries ne ressemblent plus tout à fait à ce que nous appelions, un instant avant, boulangerie, les pains n’ont plus la même forme au creux de la main ; d’autres chœurs de douaniers ou de gardes-frontières montent des guérites ou descendent des miradors conclure d’autres agapes [...].