Accueil L’oulipien de l’année Diomira, une ville invisible
Décimales

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En partant à sénestre du méridien, à vélocité de pédestre
erre, trois gymniques randonnées sont assez au bel homme qui
marche prestement. Il approche Diomira, cité magique. L’air
ébahi, il hésite, avance, la voit, illuminée : moindre
coupole parée, portant un toit argenté ; statuettes
couvertes des divins ornements enluminés ; enserrant pavés,
trottoirs : étain ; théâtre avec pilastres, parois, balcon,
mezzanine, sièges, marches, formés de cristal limpide. Un
male bartavelle portant dorure chante son victorieux air,
juché sur cette tour immense. Telle éclatante cité était
apparue à cet arrivant en d’actives contrées élues, ou règne
l’idéale beauté. Mais en Diomira, pour le coureur bien
épuisé, arrivé fin septembre, l’exception qui se présentera
assurément, qui surprendra notre arpenteur itinérant, et
l’exaltera, s’insinue dans l’âme comme béatitude divine :
portes de friteries illuminées sous des néons colorés, en
multiples guirlandes ; saisissant cri : hou !, venu de
charmante femme au balcon. Manifester notre éternelle envie
devant les innocentes pensées des passants, à qui un bel et
agréable moment de bonheur semblable aura été déjà,
autrefois, brièvement procuré, serait vil : de cet été,
essayons de conserver quelques légendes inoubliées.

Calvino Italo : « Vie d’éphémères cités » (qu’untel J.
Thibaudeau a massacrée)
« Exposition à J. Neper » ( Deflaux Guy, exposant )