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Colères futures

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Les rires, les sanglots et les colères que je n’ai pas laissé éclater, n’allez surtout pas croire, lecteur, qu’ils soient pur néant. Bien au contraire (que cela une bonne fois soit dit) ils sont comme concentrés dans Charlie Hebdo. Ils existent dans les dessins de Charb, de Cabu, de Wolinski, dans les éditos et les billets de François Cavanna, de Bernard Maris et de toute cette sacrée bande aujourd’hui décimée. Il y a autour de nous tant de haine, nous nous sommes laissé prendre dans une telle surabondance de bêtise crasse, de méchanceté, de jalousie, de courte pensée et d’imbéciles furieux que, malgré tous mes pauvres efforts, je n’ai pas réussi à les protéger, à les garder avec nous, ces pauvres amis. Aujourd’hui, le monde me paraît rempli d’orphelins. Mon travail sera maintenant une longue traque, la recherche têtue de tous ces éclats de rire inexplicablement dérobés à nos joies à nos colères futures.

Marcel Jusquaubout, Pourquoi j’ai perdu mes amis, Textes du XXIesiècle, Charlie Hebdo 2015.

L’épouvantable épisode du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo a donné lieu à d’autres réponses d’esprit oulipien, petites lumières ténues mais tenaces. Par exemple :
 l’anagramme CHARLIE = CHIALER (anonyme),
 le verbe valise MOURIRE (Henry Landroit),
 Cabu, Wolinski, triomphez-y du vieux fou qui juge ! (pangramme de Gef),
 etc.