Accueil L’oulipien de l’année Diomira, une ville invisible
Absence

Page précédente Page suivante

— Waow ! C’est beau, c’est quoi ?
— Eh bien, c’est censé représenter un voyage, son rêve de cette nuit. C’est une ville. Il lui a donné ton prénom : Diomira.
— Je déteste mon prénom. Il le sait. Depuis toujours, on m’appelle Jo. Lui, il a toujours dit. prétendu. que je me cache derrière. Derrière Jo, je veux dire. Mais lui, hein, derrière quoi il se cache ? Un masque de. de folie.
— Jo ! Il pourrait t’entendre !
— Tu m’as dit qu’il dormait.
— Oui, mais on ne sait jamais. Il y a travaillé toute la journée, tu sais.
Regarde. Il dit qu’il est parti de là et qu’il a marché trois jours vers le levant. « Trois jours et elle était là, m’a-t-il dit, La ville, une splendeur : Diomira ! » Tu aurais dû voir ses yeux, Jo, quand il parlait.. des yeux de. de.
— De fou, oui, je sais.
— Jo ! Il dit que la ville resplendissait sous le soleil. Qu’il n’avait jamais rien vu de plus beau. Soixante coupoles d’argent ! Et il les a toutes dessinées ! Et les statues de bronze, tu vois ?
— Oh oui ! Oh ! Elles nous représentent. la famille, toutes les personnes qu’il connaît.
— Non, pas toutes, Jo. seulement les gens qu’il aime.
— Qui n’y est pas ?
— Maman.
— .
— Il ne lui a jamais pardonné.
— Mais si !
— Non, Jo, et la preuve est là. La preuve par l’absence.
— Mais si ! Regarde bien ! Regarde les petites gargotes là, en bas avec leurs guirlandes lumineuses. il y a cette femme à la terrasse. c’est elle, c’est maman !
— Tu as raison. et. qu’y a-t-il d’écrit dans le phylactère ?
— Hou !
— ...
— Tu vois, c’est bien maman qui fait « Hou ! »

Elles rient.

Par Kilis